Par Valérie Rousseau formatrice en Aromathérapie et co-fondatrice de herbory.fr
Les huiles essentielles sont le plus souvent utilisées pour leurs molécules chimiques médicinales aux nombreuses vertus thérapeutiques (anti-inflammatoire, antiseptique, antivirale, mucolytique …). Elles sont alors considérées comme des médicaments de remplacement à l’allopathie classique.
En pratique, l’huile essentielle est souvent ingérée sur un support approprié (gélule neutre, miel liquide, huile végétale) ou bien diluée avec une base végétale pour masser des zones douloureuses. Les recettes proposées tiennent compte de la synergie moléculaire des huiles essentielles, mais ne se préoccupent guère de l’odeur finale qui sera obtenue une fois le mélange aromatique réalisé. Pourtant le caractère olfactif, c’est-à-dire le parfum de l’huile essentielle est selon moi déterminant de son pouvoir guérisseur.
Au départ le mot « aromathérapie », thérapie par les arômes, nous recentre sur la puissance olfactive des plantes. Et en effet, quel que soit le mode d’application de l’huile essentielle (à l’exception de certaines préparations pharmaceutiques), son parfum sera toujours présent. Dès l’ouverture du flacon, les molécules aromatiques de l’huile essentielle très volatiles viennent stimuler les récepteurs olfactifs de la cavité nasale qui captent l’information et l’envoient au cerveau limbique.
Ce dernier joue un rôle essentiel dans nos ressentis émotionnels, dans la gestion du stress et dans de nombreuses fonctions basiques (alimentation, sommeil, sexualité, etc.). De plus, nous avons tous construit une mémoire olfactive, c’est-à-dire des associations entre odeurs, images et émotions. Ainsi un parfum, telle une madeleine de Proust, peut évoquer un souvenir chaleureux, mais aussi nous replonger dans des moments difficiles voire un traumatisme. C’est pourquoi, avant de réaliser un mélange aromatique, il est important de tester le résultat et l’harmonie olfactive de cette association de parfums. Si cette dernière nous est vraiment désagréable, même si ce mélange est recommandé pour votre problématique, je vous le déconseille pour votre usage personnel. Ce rejet olfactif est une réaction dont vous devez tenir compte pour éviter que votre corps n’entre en résistance.
Comme en parfumerie, on peut qualifier les senteurs des huiles essentielles par les termes boisé, fleuri, fruité, chaud, rond, frais, tonique et bien d’autres encore. Ses tonalités aromatiques sont porteuses d’informations. Ainsi une huile boisée issue de l’écorce d’un arbre aide à renforcer l’ancrage. Une huile très fruitée extraite d’un agrume stimule la concentration. Il est judicieux de prendre en considération ces variantes aromatiques pour ne pas transmettre des informations contradictoires au cerveau limbique, par exemple en associant une odeur très fraîche comme une menthe avec une odeur très chaude comme une cannelle.
En aromathérapie, on tient compte également des effets d’une odeur sur le système nerveux. C’est ainsi que l’on distingue les huiles calmantes, celles équilibrantes et celles toniques ou stimulantes. Dans un mélange aromatique, il est possible d’associer une huile calmante à une autre soit de même nature soit équilibrante, ou encore de marier une huile dynamisante à une équilibrante. Par exemple, vous pouvez associer une huile de lavandin et une huile de camomille romaine (2 calmantes) ou une camomille romaine avec un bois de cèdre (équilibrant), ou encore un bois de cèdre avec un lemongrass (dynamisant). En revanche, il est déconseillé de mélanger des plantes très fraîches et très toniques comme un romarin à cinéol ou une menthe poivrée avec une huile relaxante et douce comme un santal ou un ylang ylang.
Enfin, il est important de tenir compte de la durée d’utilisation des huiles essentielles. Un rhume, une gastro-entérite ou une douleur musculaire ne nécessite que quelques jours d’aromathérapie. Un état émotionnel en revanche se modifie grâce à l’utilisation régulière et répétitive des huiles essentielles. On optera de ce fait pour des usages doux tant dans la dilution que dans le mode d’application.
Les modes d’applications pour gérer les déséquilibres émotionnels passent toujours par des formes de diffusion ou d’application (poignets, plexus, massage, bain). L’ingestion n’est d’aucun secours. L’huile essentielle passant toujours par la barrière hépatique (foie), cela limite et retarde les bienfaits thérapeutiques. De plus, l’effet rétro-olfactif (fosse nasale reliée à la bouche) de l’ingestion particulièrement intense est assez agressif, alors que l’olfaction donne une information plus subtile sur un temps plus long.
Aussi, avant de choisir des huiles essentielles pour des problématiques psycho-émotionnelles, il est bon de s’interroger sur l’effet recherché, calmant, équilibrant ou bien dynamisant. Puis, après avoir sélectionné 2 à 5 huiles essentielles, respirez-les et demandez-vous si elles peuvent se mélanger harmonieusement entre elles. Je vous conseille de faire des synergies de quelques gouttes seulement au début pour en tester le parfum final.
Le tableau ci-dessous est une aide pour vous essayer dans la synergie de quelques huiles essentielles. Maintenant c’est à vous de créer vos propres recettes.
Les vertus thérapeutiques | Calmante | Équilibrante | Stimulante | Aphrodisiaque | Aide à lâcher prise et apaise les peurs | Apporte de la joie stimule la concentration | Renforce l’ancrage |
Bergamote | X | X | X | X | |||
Camomille romaine | X | X | |||||
Bois de cèdre | X | X | X | X | |||
Menthe poivrée | X | X | |||||
Géranium Rosat | X | X | X | ||||
Ylang-ylang | X | X | X | ||||
Bois de santal | X | X | X | X | |||
Romarin à cinéol | X | ||||||
Citron | X | X |