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Le lien corps-esprit

par Erik Pigani

En 1994, en publiant Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi (Albin Michel), Michel Odoul connaît un succès de librairie quasi fulgurant. La raison : pour la première fois, le public français découvre une nouvelle façon, accessible à tous, de comprendre l’origine des maladies et leur relations étroites avec les émotions. Pour l’auteur, ce ne sont plus forcément des causes extérieures ou des dysfonctionnements intérieurs qui provoquent au petit bonheur la chance – ou plutôt au petit bonheur la malchance ! – comme l’affirme la science médicale depuis des lustres. Selon lui, les causes sont, pour l’essentiel, psychologiques. « Le lumbago est une douleur ou une tension ressentie dans le bas du dos, au niveau des vertèbres lombaires, explique Odoul pour donner un exemple. Ces vertèbres sont au nombre de cinq et correspondent aux cinq plans basiques de la vie : le couple, la famille, le travail, la maison, le pays. Aussi, lorsque nous traversons une période de notre vie où nous avons de la difficulté à accepter ou à intégrer les changements, nos vertèbres lombaires expriment-elles nos peurs inconscientes, nos refus, nos dénis. Un lumbago peut aussi nous parler de notre difficulté à accepter les remises en cause, notamment dans le milieu familial ou le milieu professionnel – une séparation, un déménagement, un changement de poste… »

Il existe une relation étroite et directe entre nos souffrances psychiques et nos maux physiques, entre nos émotions et nos maladies.

Ce lien corps/esprit, qui est un peu plus évident aujourd’hui, ne fait à l’époque partie ni de la culture médicale ni de la culture grand public. Seules quelques écoles de psychosomatique, dont les théories s’appuyaient essentiellement sur la vision freudienne de l’être humain, proposaient une pratique qui associait les relations entre le corps et la psyché, mais avec un discours incompréhensible en-dehors des cercles restreints de psychanalystes spécialisés. Quant au corps médical, on lui reprochait de plus en plus son manque d’écoute et son incapacité à tenir compte de la vie émotionnelle des patients. Voilà pourquoi le public s’est très rapidement approprié cette nouvelle façon d’aborder la santé. D’autant plus que « les cris du corps sont des messages de l’âme, disait Odoul. Pour retrouver la santé, il suffit de les écouter ! ».

Pour comprendre ce principe, prenons le cas de Jacqueline, qui souffre terriblement des vertèbres cervicales, notamment la 4ème qui présente des signes d’arthrose assez importants. Or, le lien symbolique le plus connu de cette vertèbre est la colère.

Comment a-t-on découvert ce type de correspondance émotionnelle ?

Au fil des années, les médecins et les praticiens de santé qui se sont adonnés à l’exercice du symbolisme des maladies ont pu observer des centaines, voire des milliers de cas, et en ont déduit des correspondances maladies/émotions (ou maladies/chocs psychologiques) communes à un grand nombre de leurs patients. C’est ce qu’ont fait Michel Odoul et les auteurs des différents « dictionnaires » disponibles aujourd’hui. Mais, pour créer leur « codes de lecture » des organes, ils se sont aussi appuyés sur des connaissances plus anciennes, comme la médecine énergétique chinoise, la médecine ayurvédique, l’étymologie des organes (qui comporte parfois des éléments symboliques étonnants), les symboles et archétypes universels, la kabbale (tradition mystique juive qui propose aussi certaines correspondances), les textes sacrés, la mythologie… Bien sûr, les choses ne sont pas aussi simples que « un problème de genoux est sous-tendu par un problème de relation aux autres (je-nous) » ou « la myopie, qui est une difficulté à voir loin, représente la peur inconsciente de l’avenir ; tandis que la presbytie, qui se manifeste par une difficulté à voir les objets proches, représente notre peur de voir ce qui est présent ». En raison de ces différentes sources, le décodage des maladies et des divers maux de la vie est infiniment plus complexe et demande parfois des semaines de travail.

Que se passe-t-il lorsqu’on découvre une correspondance émotionnelle ?

Si Jacqueline travaille sur elle avec un thérapeute spécialisé, ou même seule, en partant du principe que la 4ème vertèbre cervicale est liée à la colère, elle doit donc commencer par prendre conscience de la place et de la forme que prend cette émotion dans sa vie : est-elle permanente ? Récurrente ? Toujours contenue ou étouffée ? Toujours exprimée violemment ? etc. Elle doit ensuite, au cours d’un processus d’introspection, retrouver la source – le « conflit initial » – de cette présence pesante de la colère dans sa vie : un épisode malheureux de la petite enfance ? Des brimades pendant l’adolescence ? Un accident, un échec, une séparation ? Enfin, elle doit trouver le moyen de se décharger de ce poids émotionnel si lourd qu’il en arrive à déformer ses os.

C’est là que, généralement, arrive le « miracle » : lorsque le problème psychique, le nœud psychologique ou le conflit intérieur est identifié avec précision, le mal physique disparaît. Parfois, le processus est long ; parfois, il est instantané, selon les cas… Cela signifie-t-il que la vertèbre cervicale de Jacqueline sera guérie ? Oui et non. Dans les cas de dégénération et d’usure, les vertèbres ne se reconstituent pas toutes seules. En revanche, l’arthrose et l’inflammation n’auront plus de raison de poursuivre leur œuvre destructrice. Un ostéopathe ou un chiropracteur pourront alors intervenir avec succès et bien plus de facilité sur cette zone problématique.

L’énergétique est la clé du lien corps/esprit.

Tous les praticiens en massage le savent depuis longtemps : travailler sur un muscle noué a parfois pour résultat de dénouer une émotion. L’idée n’est pas nouvelle et remonte au moins aux années 1940 avec Ida Rolf, une biochimiste américaine pour qui le corps humain était avant tout un champ d’énergie, et qui a créé une méthode particulière de thérapie manuelle, l’Intégration Structurelle, devenue le Rolfing. En revanche, ce qui est nouveau, c’est que pour ces approches symboliques du corps, le processus inverse est tout aussi efficace : dénouer un « blocage psychique » peut dénouer un mal ou une maladie. Même si les recherches et découvertes de Ida Rolf sont considérées comme une « pseudo-médecine » par les tenants d’une vision mécaniste de l’être humain, elles ont ouvert une voie avec le concept du corps énergétique et avec l’association des émotions et des tissus du corps (fascias). Car tout est là : il est impossible de comprendre le lien corps/esprit sans l’intégrer dans la vision énergétique de l’être humain. Ce qui est très exactement la vision de la médecine chinoise, avec le qi, ou la médecine ayurvédique, avec le prâna. Des systèmes thérapeutiques millénaires, mais dont le principe de base – l’homme et l’univers sont des champs énergétiques composés de fréquences et de vibrations – est aujourd’hui confirmé par les découvertes de la physique quantique, une science encore jeune en regard de ces savoirs ancestraux, mais qui nous offre les clés d’une vision nouvelle du corps et de l’esprit humain… C’est ce que nous allons découvrir le mois prochain.

Petit historique de la psychosomatique et du lien corps-esprit

Hippocrate (460-370 av. J.-C.). Il est considéré comme le précurseur de la psychosomatique parce qu’il s’est opposé à la distinction entre psyché et soma introduite par le philosophe présocratique Anaxagore (500-428 av. J.-C.) et au dualisme corps-esprit entretenu par Platon en expliquant que cette séparation est artificielle. Pour lui, l’individu est un tout qui répond aux stimulations internes et externes – corps et psyché. La maladie est donc une réaction globale de la personne.
Moïse Maïmonide (1138-1204). Ce médecin, philosophe et talmudiste espagnol, considérait la maladie comme la rupture d’un équilibre à la fois physique et psychique.
Georg Ernst Stahl (1659-1734). Pour ce médecin et chimiste allemand, tous les problèmes physiques et psychiques sont des manifestations de l’âme. La cause première de toute maladie est donc dans l’âme elle-même.
Johann Heinroth (1773-1843). En tentant d’étudier la place des « passions » et de la sexualité dans les cas de tuberculose, d’épilepsie et de cancer, ce médecin psychiatre autrichien a forgé les termes de « psychosomatique » et de « somatopsychique ». Il est considéré comme le père de la médecine psychosomatique, qui est aujourd’hui généralement exercée par des équipes pluridisciplinaires, mais son cadre thérapeutique reste encore assez flou.
Georg Groddeck (1866-1934). Ce médecin et psychothérapeute allemand déclare en 1923, dans Le Livre du Ça, que toute maladie est psychosomatique. Le concept du Ça sera repris et adapté par Freud, qui n’effectuera pourtant aucune recherche spécifique sur la psychosomatique.
Carl Gustav Jung (1875-1961). En travaillant sur son concept de synchronicité avec le physicien Wolfgang Pauli, le psychiatre suisse tente de démontrer la simultanéité des états psychiques et des processus physiques – et donc la relation entre l’âme et la matière. Dans les années 1950, il développe son interprétation de l’Unus Mundus, le « Monde Un », dans lequel, tout comme dans le Tao des Chinois, le concept du Brahman de l’hindouisme ou du Dharmakaya du bouddhisme, le corps et l’esprit ne font qu’un.
Pierre Marty (1918-1993). Dans les années 1940, ce psychanalyste fonde avec quelques collègues l’École de Paris de Psychosomatique, un courant de pensée qui prolonge les conceptions freudiennes de la maladie, et dont l’approche consiste à repérer dans le fonctionnement psychique de l’individu le processus de somatisation.
Alexander Lowen (1910-2008). Ce psychothérapeute américain, créateur de la bioénergie, est l’un des pionniers du grand mouvement des thérapies psychocorporelles : dans les années 1960 des petits groupes de psys décident de se démarquer de la psychanalyse freudienne et de la psychologie behavioriste pour rendre une dimension plus humaine à leur discipline et surtout la place qui revient au corps dans le processus thérapeutique. C’est ainsi que sont apparues la gestalt-thérapie, le Cri primal, le Rolfing, le Sensitive Gestalt Massage, le Rebirth, la kinésiologie, l’analyse psycho-organique…
Michel Odoul. Praticien et fondateur de l’Institut français de Shiatsu, il a lancé ce que l’on pourrait appeler le « mouvement du symbolisme des maladies » en raison du succès de ses livres. D’autres spécialistes ont suivi et connaissent de leur côté des succès de librairie, comme Jacques Martel avec son Grand dictionnaire des malaises et maladies (Éditions Quintessence), Roger Fiammetti avec Le langage émotionnel du corps (Dervy), Christian Flèche avec son Décodage biologique des maladies (Le Souffle d’Or).
Pierre-Jean Thomas-Lamotte. Avec son livre Et si la maladie n’était pas un hasard… (Le Jardin des livres), ce médecin présente la réflexion la plus aboutie à ce jour sur la façon de « décoder » les maladies et d’établir le lien entre nos souffrances et nos problèmes physiques. Pour lui, toute maladie, sans exceptions, est le résultat d’un conflit intérieur non-résolu. Identifier ce conflit avec la bonne méthode amène donc à la guérison. Sa méthode est dans la lignée de la Médecine Nouvelle Germanique du médecin allemand très controversé Ryke Geert Hamer, de la Biologie totale de Claude Sabbah ou du Décodage biologique de Christian Flèche.

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