La Sophrologie, une alliée pour vivre une grossesse plus sereine
#MonPostpartum, #Matrescence : le cri d’alarme des futures et jeunes mamans sur les réseaux sociaux qui expriment ressentir un manque dans l’accompagnement de la maternité.
Donner la vie est une expérience unique et bien souvent, une femme se retrouve désemparée face aux différents bouleversements liés à la grossesse et la naissance d’un enfant. Un désarroi que soulignent certains témoignages sur la toile. Dans leur maternité, les mères expriment qu’elles ne bénéficient que peu de prise en charge pour leur bien être psycho-émotionnelle et physique. Cet appel retentissant sur Twitter et Instagram met ainsi en lumière les besoins, voire la nécessité, de prise en charge complémentaire dans le secteur de la périnatalité.
Pour cela, nous avons demandé à Isabelle Hatier, psychopraticienne, sophrologue et formatrice en sophrologie et Maternité, de nous donner son avis sur ce sujet dont elle est l’experte !
Que penses-tu de ce mouvement milité par les femmes sur les réseaux sociaux?
Aujourd’hui les femmes enceintes ont le désir de vivre différemment leur grossesse, elles ont à coeur de profiter au mieux de ce projet de vie qui vient par la même bouleverser leur quotidien. C’est ainsi que progressivement, la sophrologie déjà toute désignée comme une pratique qui favorise le développement d’un art de vivre, ou encore une philosophie de vie, s’est étendue au domaine de la périnatalité. Depuis une quinzaine d’années, la sophrologie a réellement commencé à prendre son essor, elle arrive à point nommé dans un contexte de vie où les futures mamans aujourd’hui expriment le souhait d’une prise en charge différente et complémentaire à la prise en charge habituelle par les professions médicales.
Dans la plupart des cas, ces demandes formulées en sophrologie interviennent dans un contexte où les futures mamans ont à coeur de répondre à des attentes d’une prise en charge plus naturelle et les réseaux sociaux se trouvent être un très bon médiateur pour sensibiliser le plus grand nombre.
Pourquoi les femmes se sentent si isolées aujourd’hui ?
Porter la vie est pour la majorité d’entre nous, un évènement tellement naturel, qu’il en devient banal et pourtant il est un moment « Extra » ordinaire dans la vie d’une femme. Peu de propositions sont faites aux femmes enceintes pour les aider à mieux vivre leur grossesse alors que dans la plupart des cas, les futures mamans se sentent très souvent envahies par de nombreuses peurs notamment à l’égard des derniers moments de la grossesse, de l’accouchement lui-même et de leur futur rôle de maman. Ces femmes se sentent ainsi souvent isolées et n’ont pas de lieu où exprimer leurs peurs, leur besoin d’apaisement et de soutien. Ce constat s’appuie sur une réalité de la prise en charge de la grossesse de la famille qui occupait beaucoup ce rôle auparavant surtout pour la notion de transmission.
En effet, la grossesse est une période particulièrement sensible pour les femmes du point de vue de la communication et de plus en plus de sophrologues sont confrontés à une demande croissante de futures mamans qui se trouvent en difficultés pour se sentir entourées, écoutées surtout dans la société où l’hyperactivité est privilégiée. Nous constatons ainsi que la famille dite « moderne » pour des raisons variées (éloignement géographique, travail, rupture, conflit…) voit ses fonctions de soutien à la femme enceinte de plus en plus se restreindre, d’où ces femmes qui expriment leur isolement.
Lorsqu’on évoque le mot grossesse, on pense tout de suite aux changements physiques (prise de poids) et hormonaux (hypersensibilité, changement d’humeur). Les manifestations psychiques peuvent parfois être déroutantes pour une femme enceinte et pourtant on entend souvent « c’est la faute aux hormones ». Que peux-tu nous dire sur ce sujet ? Quand faut-il s’inquiéter ?
Les bouleversements hormonaux sont très importants pendant la grossesse et avec ces grands changements, la future maman va aussi vivre une gestation « psychique » pendant laquelle, elle va ainsi progressivement vivre des bouleversements au fils de la grossesse. Aujourd’hui, il y a une prise de conscience du lien indissociable entre le corps et l’esprit pour le bien être de tout un chacun et c’est le cas aussi de la grossesse. Le déséquilibre, pour une grossesse, est bien au départ lié aux bouleversements hormonaux, puis il comprendra, dans un second temps, l’état d’esprit de la future maman comme par exemple lorsqu’elle ressent des peurs, se pose mille et une questions autour de son nouveau statut de mère ou encore de l’arrivée du bébé.
Nous savons que l’état émotionnel d’une femme est à prendre en considération pendant sa grossesse car elle va passer par des moments de remise en question imaginant plus ou moins aisément comment sera ce petit être en devenir, quelle relation elle pourra établir avec lui. À fleur de peau, la femme enceinte sera soumise à une émotivité fluctuante avec des sautes d’humeur, des crises de larmes, des peurs diverses ou encore une forte susceptibilité. Même si la grossesse est souvent perçue comme une période positive, il est naturel de ressentir des émotions ambivalentes et parfois négatives.
Ainsi lorsque le changement d’humeur s’accompagne plutôt, de perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités habituelles, telles qu’une tristesse constante, irritabilité ou forte anxiété, lorsque les émotions débordent et dépassent la femme enceinte et provoque chez elle, un isolement ou une préoccupation permanente voire une détresse, alors il sera important de pouvoir se rapprocher d’un médecin puis d’un sophrologue.
Selon les études, 30 à 60 % des mères aux prises avec une dépression post-partum présentent déjà des symptômes de dépression pendant leur grossesse, quel est ton avis sur le sujet ?
« On ne nait pas mère… On le devient » et ainsi devenir mère confronte la future maman à de grands changements qui l’engagent à des bouleversements physiques et psychiques pouvant la confronter à une sorte de crise identitaire qui risque de réactiver de façon singulière des vécus personnels avec, par exemple, de son propre accouchement personnel et/ou des vécus familiaux où le transgénérationnel va venir influencer ses ressentis.
La société d’aujourd’hui amène aussi la future maman à développer des croyances fixées dans la performance alors qu’il est tout à fait naturel d’avoir des passages émotionnels difficiles. Il est ainsi naturel de sentir des émotions contraires et versatiles pendant la grossesse car nous naissons en tant que mère en même temps que la venue de notre bébé.
Dans la plupart des cas, également, nous pouvons constater qu’une grande labilité émotionnelle peut survenir juste après l’accouchement lié au sentiment de vide intérieur que ressent la nouvelle maman.
Les thérapies du bien-être sont en plein essor dans le secteur de la périnatalité, c’est une bonne nouvelle n’est-ce pas ? Quel est rôle selon toi des sophrologues qui prennent en charge ces femmes ?
Le bien être de la femme enceinte est une approche à prendre en considération afin de rendre ces 9 mois les plus doux et agréables possibles avec notamment deux points de vue importants :
1- Le bien être physique : la sophrologie et bien plus qu’une simple technique de respiration, elle permet à la future maman, grâce à la visualisation et à la projection positive, de dépasser les angoisses liées à la grossesse et aux différentes peurs de l’accouchement.
2- Le bien être psychique : La sophrologie apporte un vrai soutien moral et physique aux femmes enceintes. En effet, elle les aide à trouver le réconfort dont elles ont besoin en apprenant à diminuer leur stress occasionné par les projections multiples qui lui procurent une forte charge mentale du point de vue de son rôle de future mère et lui permet de développer la confiance en elle et en sa capacité à enfanter.
As-tu un conseil à donner aux sophrologues qui souhaitent accompagner la maternité ?
Pour accompagner les futures mamans et les aider à vivre au mieux cette période de vie, il est à mon sens indispensable pour les sophrologues de pouvoir se former à développer ses compétences dans le domaine de la périnatalité. Les outils de sophrologie seront ainsi d’une meilleure utilité si le sophrologue est formé à la compréhension des spécificités de l’accompagnement de la grossesse. En effet, l’accompagnement des femmes enceintes nécessite pour le sophrologue, de développer une bonne compréhension des déroulements physiologiques et psycho-émotionnels de la périnatalité, qui comprend toute la période qui s’étale du projet de grossesse, jusqu’à l’arrivée du bébé annonçant ainsi par la même , la naissance des parents.
La formation est donc un bon moyen pour transmettre un apport théorique de spécialisation dans l’accompagnement à la gestation et à une meilleure prise en charge de bébé et de ses parents en maîtrisant les techniques et les supports utilisés dans l’accompagnement à la stérilité, la PMA, la maternité, l’accouchement et le post-partum.
Merci Isabelle pour ton intervention !
Toutes les informations sur la formation Sophrologie et Maternité sont à retrouver ici.